L’hyperménorrhée est l’une des raisons les plus fréquentes pour lesquelles les femmes consultent le gynécologue.
Qu’est-ce que l’hyperménorrhée au juste ? Quelles sont les signes et les symptômes associés à cette pathologie ? Quelles sont les causes des règles abondantes ? Comment diagnostiquer un problème de santé associé aux règles abondantes ?
Quels sont les remèdes conventionnels et naturels efficaces pour traiter l’hyperménorrhée ? Découvrez aussi certaines techniques
Règles abondantes – Définition
L’hyperménorrhée, appelée aussi ‘ménorragie’, est un trouble menstruel qui consiste à avoir de règles abondantes qui frôlent l’hémorragie et qui peuvent parfois se prolonger anormalement. Ces règles menstruelles peuvent présenter des caillots plus ou moins gros.
Règles abondantes – Signes et Symptômes
On parle d’hyperménorrhée ou règles abondantes lorsque la perte de sang est supérieure à 80 ml (soit plus de 16 cuillères à café) au cours des 5 à 7 jours de menstruations. A titre de comparaison, sache qu’une femme en bonne santé perd entre 40 et 50 ml de sang en moyenne (l’équivalent de 8 à 10 cuillères à café).
Une jeune fille ou une femme qui utilise plus de 5 serviettes ou tampons par jour, pourrait bel et bien souffrir d’hyperménorrhées.
Les saignements menstruels abondants peuvent bien évidemment affecter la qualité de vie d’une femme, en générant de la fatigue, de la gêne, des inquiétudes et même des frustrations.
Une perte abondante de sang peut conduire à une anémie ferriprive, qui est responsable d’une fatigue légère à sévère ainsi que des changements dans la cognition, la tolérance à l’effort, la dyspnée et les palpitations cardiaques.
Les saignements menstruels abondants s’accompagnent souvent de crampes menstruelles douloureuses (dysménorrhée).
Règles Abondantes Causes
Dans certains cas, la cause des saignements abondantes est inconnue, mais un certain nombre de pathologies peuvent provoquer une ménorragie. Voici les plus fréquentes :
1. Déséquilibre hormonal
Dans un cycle menstruel normal, un équilibre entre les hormones œstrogène et progestérone régule l’épaississement de la muqueuse de l’utérus (l’endomètre), qui se désagrège progressivement pendant les règles.
Si un déséquilibre hormonal survient, l’endomètre s’épaissit considérablement et s’évacue sous forme de saignements menstruels plus abondants qu’habituellement.
Qu’est-ce qui peut causer ce déséquilibre hormonal ? Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’obésité, la résistance à l’insuline et les problèmes de thyroïde sont autant de pathologies qui peuvent être responsable de ce déséquilibre hormonal.
2. Dysfonctionnement des ovaires
Si vos ovaires ne libèrent pas d’ovule pendant un cycle menstruel (anovulation), votre corps ne produit pas l’hormone progestérone, comme cela se produit au cours d’un cycle menstruel normal. Cela conduit à un déséquilibre hormonal et peut entraîner une ménorragie.
REMARQUE : Les premiers cycles de l’adolescente sont souvent irréguliers. Durant les premières années, les règles sont souvent longues et abondantes et la dysménorrhée est fréquente.
3. Fibromes utérins
Ces tumeurs non cancéreuses (tumeurs bénignes) de l’utérus apparaissent sur la paroi de l’utérus pendant les années de procréation. Les fibromes utérins peuvent causer des saignements menstruels plus abondants que la normale ou prolongés.
4. Polypes
De petites excroissances bénignes au niveau du col de l’utérus ou dans la cavité utérine (polypes utérins) peuvent provoquer des saignements menstruels abondants ou prolongés.
5. Adénomyose
Cette affection survient lorsque les glandes de l’endomètre et des tissus de support (stroma cytogène) s’incrustent dans le muscle utérin, provoquant souvent des saignements abondants et des règles douloureuses.
6. Dispositif intra-utérin (DIU)
La ménorragie est un effet secondaire bien connu de l’utilisation d’un dispositif intra-utérin non hormonal pour le contrôle des naissances. Votre médecin vous aidera à planifier d’autres options de prise en charge.
7. Complications de grossesse
Des règles abondantes et tardives peuvent être dues à une fausse couche. Une autre cause de saignement abondant pendant la grossesse comprend une localisation inhabituelle du placenta, un placenta prævia lorsqu’une partie du placenta s’insère sur le segment inférieur de l’utérus.
8. Cancer
Le cancer de l’utérus et le cancer du col de l’utérus peuvent causer des saignements menstruels excessifs, surtout si vous êtes ménopausée ou si vous avez subi un test de Pap anormal par le passé.
9. Troubles hémorragiques héréditaires
Certains troubles hémorragiques – tels que la maladie de von Willebrand, une pathologie génétique qui peut provoquer des saignements menstruels abondants.
10. Médicaments
Certains médicaments tels que certains médicaments anti-inflammatoires, les médicaments hormonaux (œstrogènes et progestatifs) et les anticoagulants comme la warfarine ou l’énoxaparine (Lovenox) peuvent contribuer à des règles abondantes ou prolongées.
11. D’autres conditions médicales
Certaines maladies du foie ou du rein, peuvent être associées à une ménorragie.
Règles abondantes – Diagnostic
Votre médecin vous posera probablement des questions sur vos antécédents médicaux et vos cycles menstruels. On vous demandera peut-être de tenir un journal des jours des règles y compris des notes sur l’intensité de votre flux et sur la protection sanitaire dont vous avez besoin.
Votre médecin fera un examen physique et pourra vous recommander un ou plusieurs tests ou procédures tels que :
1. Des analyses de sang
Une analyse de sang permetra de découvrir si vous avez une anémie avec carence en fer, si vous souffrez de troubles thyroïdiens ou de troubles de la coagulation sanguine.
2. Test de Pap ou frottis de Papanicolaou
Ce test permet d’observer les cellules du col de l’utérus au microscope afin de savoir si elles sont normales ou anormales. Cela permet de dépister et aider à diagnostiquer des états précancéreux du col de l’utérus ou un cancer du col.
3. Biopsie de l’endomètre
Votre médecin peut prélever un échantillon de tissu de l’endomètre pour être examiné par un pathologiste pour déterminer si une condition précancéreuse est présente.
4. Échographie
Cette méthode d’imagerie utilise des ondes sonores pour produire des images de l’utérus, des ovaires et du bassin.
Sur la base des résultats de vos tests initiaux, votre médecin peut recommander d’autres tests, y compris :
• La sonohystérographie (SHG) : c’est une échographie de contraste destinée à étudier la cavité utérine.
• L’hystéroscopie : cet examen consiste à insérer un instrument mince et éclairé dans le vagin et le col de l’utérus, ce qui permet à votre médecin de voir l’intérieur de votre utérus.
Règles abondantes – Traitement Conventionnel
1. Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Les AINS, tels que l’ibuprofène (Advil®, Motrin®, Nurofen®) ou le naproxène sodique, aident à réduire les pertes sanguines menstruelles. Les AINS ont l’avantage supplémentaire de soulager les crampes menstruelles douloureuses (dysménorrhée).
2. Agents antifibrinolytiques
Les agents antifibrinolytiques (acide tranexamique, acide aminocaproïque, nafamostat et aprotinine) aident à réduire la perte de sang menstruel et ne doit être pris qu’au moment du saignement.
3. Contraceptifs oraux
En plus d’assurer le contrôle des naissances, les contraceptifs oraux peuvent aider à réguler les cycles menstruels et réduire les épisodes de saignements menstruels excessifs ou prolongés.
4. Progestérone orale
L’hormone progestérone peut aider à corriger le déséquilibre hormonal et à réduire la ménorragie.
5. DIU
Ce dispositif intra-utérin ou stérilet au lévonorgestrel, commercialisé sous le nom de Mirena®, libère un type de progestatif appelé lévonorgestrel, qui rend la muqueuse utérine mince et diminue le flux sanguin menstruel et les crampes.
6. Suppléments de fer
Si vous avez également une anémie due à votre ménorragie, votre médecin peut vous recommander de prendre des suppléments de fer régulièrement.
Règles abondantes – Traitement Naturel
Il existe un certain nombre de plantes médicinales qui contribuent à diminuer le flux sanguin des règles abondantes. Dans cet article, nous nous intéresserons surtout aux bienfaits du gingembre.
On savait déjà de source sûre que le gingembre est un excellent remède naturel pour traiter la dysménorrhée, c’est-à-dire les douleurs au bas de l’abdomen qui précèdent ou accompagnent les règles (Consultez l’article : Règles douloureuses – 10 remèdes naturels contre la dysménorrhée)
Cependant, une autre étude clinique a révélé que le gingembre est aussi un remède efficace pour traiter naturellement les règles abondantes. Une étude clinique randomisée en double aveugle, contrôlée contre placebo, a mis récemment en valeur cette propriété médicinale du gingembre.
Dans le cadre de cette étude, on a fait participer 71 jeunes filles Iraniennes qui souffraient de règles abondantes. Un groupe de 33 filles, recevait une capsule placebo (sans aucun effet thérapeutique) 3 fois par jour, tandis qu’un autre groupe de 38 filles prenait une capsule de 250 mg de gingembre, 3 fois par jour. L’administration d’un placebo ou d’un extrait de gingembre commençait à partir de la veille des règles jusqu’au troisième jour des règles, pour un total de quatre jours consécutifs. Les chercheurs ont réalisé cette étude au cours de trois mois de cycles menstruels consécutifs.
Quels ont été les résultats de cette expérience ?
Dans le groupe des filles ayant reçu du gingembre, les pertes de sang ont considérablement diminué au cours des trois cycles. La diminution moyenne des règles abondantes dans le ‘groupe gingembre’ a commencé dès le premier mois, et était encore meilleure le deuxième mois et ensuite un peu mieux le troisième mois. Il n’y avait en revanche aucun changement significatif de perte de sang dans le ‘groupe placebo’. Au terme de cet essai scientifique, les chercheurs ont observé que les pertes de sang chez les filles à qui on avait administré du gingembre avaient diminué de 46,6% contre seulement 2,1% dans le ‘groupe placebo’ !
Voici une liste non exhaustive de plantes médicinales qui se sont avérées plus ou moins efficaces pour réguler le flux sanguin : la cannelle, le persil, l’ortie, l’achillée, la prêle, la vigne rouge, la consoude, l’aigremoine, la maca, le ginseng, l’actée à grappes noires ou cohosh noir, les baies de sabal, les graines de, fenugrec, les graines de sésame, les graines de moutarde, les fleurs de souci, l’hamamélis, le chardon-Marie la pimprenelle, les fleurs de banane, l’écorce de manguier, l’extrait de racine de réglisse, la bourse pasteur, les aliments riches en magnésium, le vinaigre de cidre, les graines de coing, la papaye et la rose musquée.
Méthodes et Interventions chirurgicales
1. Dilatation et curetage de l’utérus
Une méthode fréquente utilisée consiste à dilater le col de l’utérus afin de retirer le tissu interne de l’utérus dans le but de réduire les saignements menstruels. Bien que ce procédé soit facile à réaliser, son taux d’échecs n’est cependant pas négligeable.
2. Embolisation des fibromes utérins (EFU)
Pour les femmes dont la ménorragie est causée par des fibromes, le but de cette procédure, la EFU, est de rétrécir les fibromes de l’utérus. En injectant de petites particules, le médecin radiologiste bloque la circulation sanguine des deux artères utérines. Cette manœuvre entraîne la mort des tissus fibromateux et conduit à réduire l’abondance des menstruations.
3. Chirurgie par ultrasons focalisés
Semblable à l’embolisation des fibromes utérins, la chirurgie par ultrasons focalisés traite le saignement causé par les fibromes en rétrécissant les fibromes. Cette technique médicale utilise des ondes ultrasoniques pour détruire le tissu fibreux. Il n’y a pas d’incisions requises pour cette procédure.
4. Myomectomie
Ce procédé implique l’ablation chirurgicale des fibromes utérins (ou myomes). Selon la taille, le nombre et l’emplacement des fibromes, votre chirurgien peut choisir d’effectuer la myomectomie en utilisant une chirurgie abdominale ouverte, à travers plusieurs petites incisions (laparoscopie ou cœlioscopie), ou par le vagin et le col de l’utérus (hystéroscopie).
5. Ablation de l’endomètre
Cette technique médicale consiste à détruire (ablation) la muqueuse de l’utérus (endomètre) qui est la source des menstruations et du saignement excessif. Après l’ablation de l’endomètre, plus de 90% des femmes voient leurs menstruations s’améliorer. La plupart des femmes ne peuvent et ne doivent pas avoir d’enfants après cette intervention chirurgicale.
6. Résection endométriale
Cette technique chirurgicale utilise une boucle de fil métallique mince chauffé par un courant pour enlever la muqueuse de l’utérus. L’ablation de l’endomètre et la résection endométriale sont toutes deux bénéfiques pour les femmes qui ont des saignements menstruels très abondants. La grossesse n’est pas recommandée après cet acte chirurgical.
7. Hystérectomie
Il s’agit d’une intervention chirurgicale à caractère permanent qui consiste à retirer l’utérus et le col de l’utérus. Cela provoque la stérilité et met fin aux règles. L’hystérectomie est réalisée sous anesthésie et nécessite une hospitalisation. Une ablation supplémentaire des ovaires (ovariectomie bilatérale) peut entraîner une ménopause prématurée.
Remarques : Lorsque la ménorragie est le signe d’une autre affection, comme une maladie thyroïdienne, le traitement de cette affection entraîne habituellement des règles moins abondantes.