Lorsqu’une partie de votre corps souffre, des signaux électrochimiques se déplacent depuis la zone de la blessure jusqu’à la moelle épinière et le cerveau. Plusieurs régions du cerveau travaillent ensemble pour traiter ces signaux de la douleur ce qui entraîne finalement l’expérience consciente de la douleur et la réaction : » Aïe ! Ça fait mal! »
Est-ce que la musique est capable de diminuer la perception de la douleur chez un patient qui souffre ? Que démontrent certaines études réalisées à ce sujet ? La musique a-t-elle une action particulière sur le cerveau humain ou animal ?
Musique Agréable – Ses Effets sur la Douleur
Des études ont permis de comprendre que l’écoute d’une chanson qui vous fait du bien tend à diminuer votre perception de la douleur.
Certes le goût musical est quelque chose de subjectif, mais il y a des caractéristiques assez universelles qui séparent la musique plaisante de la musique déplaisante. La plupart des gens trouvent que la musique consonante (combinaison de sons, tels un accord ou un intervalle), est perçue comme agréable à l’oreille contrairement à la musique dissonante (discordance d’un ensemble de sons).
Au cours d’une étude, les scientifiques ont demandé à des volontaires d’évaluer la douleur pendant qu’ils écoutaient des extraits de musique plaisants comme par exemple l’extrait musical classique de Johann Strauss II « le Beau Danube bleu » et des extraits de musique déplaisants comme le « Pendulum Music » du compositeur américain Steve Reich.
Quelles ont été les conclusions de cette étude ? Les personnes qui ont écouté la musique plaisante ont rapporté moins de douleurs que les personnes qui ont écouté la musique déplaisante.
Dans une autre étude, les scientifiques ont mesuré la force que les bénévoles ont déployé pour retirer leurs pieds après avoir reçu une petite décharge électrique au niveau de la cheville tout en écoutant de la musique.
Par rapport à la musique agréable, la musique désagréable a donné lieu à des réflexes plus importants ainsi qu’une perception plus grande de la douleur.
Comment Agit la Musique sur le Cerveau ? – Le Système Hédonique
Le scanner du cerveau montre que l’écoute de la musique agréable augmente l’activité dans certaines parties du centre de récompense du cerveau (appelé aussi système hédonique).
« La musique agréable déclenche la libération de la dopamine chimique du cerveau», explique Robert Zatorre, de l’Université McGill, qui étudie l’émotion et de la musique. Ce changement « est fortement associé à d’autres stimuli enrichissantes et motivantes, comme la nourriture, le sexe, et certaines drogues additives », ajoute Zatorre. Le psychologue Mathieu Roy, de l’Université du Colorado, qui a mené l’étude, affirme que ces résultats suggèrent que la musique peut empêcher un tant soit peu la transmission des signaux de la douleur à la moelle épinière puis au cerveau.
Le Pouvoir de la Musique – La Distraction qui Apaise la Douleur
« Si vous pensez à quelque chose d’autre, alors vous ne pensez plus à votre douleur», explique le psychologue David Bradshaw, qui étudie le soulagement de la douleur à l’Université de l’Utah.
Les recherches de Bradshaw montrent que plus une personne est engagée activement dans la musique, moins elle ressent la douleur.
Par exemple, un groupe de non-musiciens invité à écouter des erreurs dans un passage musical rapportent moins de douleur lorsqu’on leur a administré de petites décharges électriques que ceux qui ont écouté passivement de la musique.
D’ailleurs de plus en plus d’hôpitaux font appel à la musique pour aider leurs patients à surmonter leur souffrance, soulager leurs douleurs ou à apaiser leur anxiété. Le Centre International de Musicothérapie (C.I.M.), premier Centre Français de Musicothérapie créé en 1972, organisateur du premier Congrès de Musicothérapie en 1974, est la base de la recherche et de l’Application de la musicothérapie dans plus de 400 Centres Hospitaliers et autres.
L’écoute de la musique peut engendrer une légère sudation et une modification des rythmes respiratoire et cardiaque, un phénomène physiologiquement comparable à l’orgasme. Tout comme la nourriture, le sexe ou les drogues, la musique sollicite le circuit de la récompense dans le cerveau de l’auditeur. Ce vieux système mis en place par la sélection naturelle pour favoriser la satisfaction de nos besoins fondamentaux augmente la libération de dopamine, le neurotransmetteur du plaisir, responsable de ce « frisson musical ».
C’est ce qu’a révélé, en 2011, une équipe canadienne de l’université McGill dans la revue Nature Neuroscience en utilisant des techniques d’imagerie cérébrale (IRM et TEP).