« Je consomme des graines de lin pour diminuer mon taux de cholestérol élevé. Mais j’ai entendu dire que ce remède naturel hypocholestérolémiant augmenterait le risque du cancer de la prostate. Est-ce vrai? » _ Gérard.S
Les avis parmi les professionnels de la santé sont partagés. Certains scientifiques disent qu’il existe suffisamment de preuves pour affirmer que les graines de lin jouent un rôle dans la réduction du risque de cancer de la prostate et qu’elles peuvent être employées comme remède complémentaire et naturel pour limiter l’extension du cancer de la prostate, une fois développé.
Par contre, d’autres scientifiques mettent en garde les patients atteints d’un cancer de la prostate d’une supplémentation en graines de lin. Je vous propose de vous fournir une information précise, succincte, simple et impartiale su ce dilemme.
Graine de lin – Lignane, ALA et effets sur les cellules cancéreuses
Les graines de lin (nom botanique: Linum usitatissimum) sont riches en lignane et en acide alpha-linolénique (ALA).
La lignane principale présente dans les graines de lin s’appelle le SDG (secoisolariciresinol diglycoside). C’est une fibre non soluble qui présente la particularité d’avoir des caractéristiques chimiques communes avec les hormones sexuelles, leur permettant de se lier aux récepteurs d’œtrogènes. On dit que c’est un phytoestrogène.
Certains scientifiques pensent que les lignanes sont des agents actifs responsables de stopper la croissance des tumeurs cancéreuses (dans les premiers stades), surtout celles sensibles aux hormones (sein, endomètre et prostate).
L’acide alpha-linolénique(ALA) est un acide gras polyinsaturé essentiel qui fait partie du groupe des oméga-3. Notre organisme transforme l’ALA en EPA (acide eicosapentaénoïque) et en DHA (acide docosahexaénoïque), deux molécules reconnues pour leurs effets bénéfiques (notamment anti-inflammatoires) sur la santé du cœur, l’arthrite, la thrombose et les fonctions principales du cerveau.
Selon une étude dirigée par le Dr Wendy Demark-Wahnefried de l’université Duke aux États-Unis, les oméga-3 renfermés dans les graines de lin agiraient sur la production des membranes cellulaires et réduiraient leur prolifération.
Pourtant il existe plusieurs études (par exemple celle conduite en 2007 à Harvard) qui prouvent le contraire : la consommation de l’ALA augmenterait le risque de cancer de la prostate !
Prostate et Graines de Lin – Ce que révèlent les études cliniques
Dans une étude dirigée par le Dr Demark-Wahnefried , portant sur 161 hommes atteints du cancer de la prostate, ceux qui avaient pris un supplément de graines de lin (30 g par jour) tout en suivant un régime pauvre en graisses ont vu leur taux de l’antigène spécifique prostatique (PSA) diminuer et une progression de leur tumeur ralentie de 30 à 40% comparativement à ceux soumis à un placebo ou à un régime faible en graisse saturée.
Le PSA peut être une mesure qui permet d’évaluer la vitesse de la propagation du cancer de la prostate.
D’autres études préliminaires rapportent qu’un régime alimentaire pauvre en matières grasses associé à la prise concomitante de graines de lin réduit les niveaux de PSA chez les hommes souffrant d’hyperplasie bénigne de la prostate (adénome de la prostate ou augmentation naturelle du volume de la prostate) et de personnes atteintes du cancer de la prostate.
Une étude récente réalisée à l’Université du Michigan a conclu que l’ALA (un des composants actifs principaux des graines de l’un) favorise la croissance des cellules de la prostate. Précisons tout de même que cette étude a été faite sur des lignées cellulaires, et non pas sur des personnes ou des animaux ! De plus il a été utilisé un ALA purifié et dépourvu d’antioxydants, conservées à haute température.
Conclusion
Plus de recherches chez les humains sont nécessaires pour déterminer l’utilité des graines de lin dans le traitement du cancer de la prostate et dans sa prévention.
Lorsque certains professionnels de la santé déconseillent une supplémentation en graines de lin pour ralentir l’évolution d’un cancer de la prostate, ils se réfèrent généralement aux résultats négatifs de l’effet thérapeutique de l’acide alpha-linolénique (ALA) sur les cellules prostatiques.
Il est pourtant intéressant de méditer sur la réflexion du chercheur Wendy Demark-Wahnefried de l’Université Duke à Durham, en Caroline du Nord quand il dit : » Les résultats sont contradictoires, mais les gens ne mangent pas que des nutriments isolés, ils mangent des aliments ! Nous avons testé les graines de lin entières, qui renferment une foule de nutriments et pas seulement de l’ALA, mais aussi des lignanes. »
Effets indésirables et contre-indications d’une supplémentation en graines de lin
Certains effets secondaires possibles mais rares aux dosages recommandés comprennent des diarrhées, des flatulences et des nausées. Certaines personnes sont allergiques aux graines de lin.
Elles sont contre-indiquées chez les personnes qui ont une occlusion intestinale ou des diverticules à l’intestin (elles peuvent se coller à la paroi intestinale et provoquer de l’inflammation).
Certains médicaments et suppléments alimentaires ne peuvent pas être bien absorbés s’ils sont pris en même temps. Pour cette raison, certains médecins recommandent de prendre des médicaments 1 ou 2 heures avant ou après la prise de graines de lin.
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